Estelle, Laetitia, Geoffroy, Lukas … pas besoin de son pour trouver sa voie

Il y a 10 mois
Mis à jour le 27/01/2024 à 17h40

Ils sont sourds et malentendants et officient depuis plusieurs mois comme croupiers sur nos festivals poker. Estelle, Laetitia, Geoffroy ou encore Lukas ont trouvé leur place au sein d’un milieu exigeant grâce à un métier accessible pour tous.

D’une passion pour les cartes, ils en ont fait un métier. Mais Estelle, Laetitia, Geoffroy et Lukas ont un autre point commun, celui d’avoir surmonté quelques obstacles liés à leur surdité avant de s’épanouir dans un milieu professionnel. « Mon parcours a été un peu chaotique, confie volontiers Lukas Navarro. Après un Bac S, j’ai souhaité devenir formateur en langue des signes. Mais face au peu de débouchés, j’ai enchaîné les petits boulots. » Même constat pour Geoffroy Bernard : « J’ai réussi mon CAP en photographie mais cela ne m’a pas permis de trouver du travail donc j’ai fait plusieurs métiers, de chef cuisinier à vendeur, en passant par acteur de court métrage. »


Geoffroy Bernard

Passionné de poker,  joueur occasionnel et président d’une association (Community Deaf Online Poker), Geoffroy tombe sur l’offre de formation gratuite de la Texacademy pour devenir croupier de poker événementiel et se lance avant d’en parler autour de lui à d’autres personnes sourdes dont Lukas. « Je me suis passionné pour le poker dès l’adolescence avant de pousser la porte d’un casino à ma majorité, poursuit Lukas Navarro. Lorsque Geoffroy m’a parlé de la formation dispensée par Texapoker, j’ai foncé. Rejoindre Texapoker me permettait de réaliser un de mes rêves, vivre de ma passion du poker. » Secrétaire de la Fédération de poker des Sourds de France dont Texapoker est partenaire, Lukas initie à son tour Estelle Léger au métier alors que la présidente de l’association Laetitia Pain rejoint elle-aussi les rangs de l’équipe Texapoker.

Adaptation comme maître mot

Au fil des semaines, nos néo-croupiers ont dû faire face aux difficultés et aux spécificités liées au métier et à leur handicap. « La compréhension des joueurs et des floors est notre plus grande difficulté, assure Estelle. J’ai dû apprendre à lire sur les lèvres et m’adapter en demandant de mimer ou d’articuler. » « Il faut rester concentrer sur les lèvres des joueurs qui n’articulent souvent pas assez, explique Geoffroy. Heureusement, certains font des efforts et signent des chiffres ou le triangle all-in ! » « Cette concentration maximale se traduit par énormément de fatigue, renchérit Lukas. Mais nos supérieurs en ont conscience et font tout pour nous aider et simplifier les consignes. Nos collègues s’adaptent en pensant à se mettre devant nous et en articulant les mots. Et les joueurs comprennent très vite et attendent que je me tourne vers eux pour annoncer leurs actions. Je me sens vraiment soutenu et respecté dans ce métier. »


Estelle Léger

Un sentiment partagé par Estelle : « les regards portés sur nous sont bienveillants et nos collègues comme nos supérieurs et les joueurs font beaucoup d’efforts pour communiquer avec nous. Je me sens aidée et respectée. Et j’espère que le fait de mettre en avant les croupiers sourds et malentendants pourra créer de nouvelles vocations. » « Il ne manque plus que nos supérieurs apprennent la langue des signes ! », rajoute Geoffroy. Au fil des mois, Estelle, Laetitia, Geoffroy et Lukas ont engrangé de l’expérience et donné des cartes sur les festivals les plus prestigieux avec brio. « Je tiens à remercier Apo et son équipe pour leur confiance et je ferai tout pour leur rendre la pareille, conclut Lukas. Je suis si fier de faire partie de cette Texa’family ! »

NDLR : Rendez-vous ce lundi 29 janvier à 9h25 sur France 5 pour découvrir le documentaire de "L'œil et la main" consacrée à Laetitia Pain, suivie dans son métier par les caméras de la réalisatrice Alexandra Masbou.

 

Estelle, Laetitia, Geoffroy, Lukas … pas besoin de son pour trouver sa voie